Guy Casaril (1933–1996)

RABBI SIMEÓN BAR YOCHAI ET LA CABBALE

INTRODUCTION

Cabbale est un mot magique nul à le lire ne demeure
indifférent. Tel évoque le complot ourdi contre Phedre, tel
autre quelque pratique de spiritisme, tel enfin entrevoit les
fumées mystérieuses d'une capricieuse doctrine. Une
étymologie veut la faire naître aux Indes, une autre l'assimile à
persistance d'un culte rendu à Cybèle, un dictionnaire même
range parmi ses prétendus adeptes le néoplatonicien Philon
et le péripatéticien Avicenne! La réalité est plus simple.
En hébreu le mot kabbala 1 de la racine K BL (recevoir)
signifie approximativement: tradition.
Au sens le plus général, la kabbala est cette Loi orale que
Moïse a reçue (kibbel) sur le mont Sinai en même temps que
la Loi écrite (Tora) c'est le message spirituel transmis
à l'homme sans l'intermédiaire d'un texte, de bouche à
oreille. Justement parce qu'elle est orale, la kabbala conserve
une marge d'incertitude qui lui confère une perpétuelle
ouverture sur le présent. Vers le 5e siècle de l'ère chrétienne,
le Talmud la codifie et semble donc la fixer; il n'en est rien
La tradition personnellement reçue, personnellement vécue
et personnellement transmise s'épanouit parallèlement à
l'étude talmudiqueet en étroit rapport avec elle. C'est
notamment le mouvement de Connaissance et de Piété auquel
on a depuis le 12e siècle donné le nom de Cabbale: un
ensemble de doctrines et de modes de vie étudiés et
pratiqués par les plus mystiques des Juifs.
L'orthodoxie de la cabbale, pourtant maintes fois confirmée,
a été mise en doute par la science juive du siècle dernier.
L'historien Heinrich Graetz accuse la cabbale de ne reposer
que sur P'erreur et d'être en contradiction avec l'esprit de la Loi,
pour Salomon Reinach, elle est une des pires aberrations de
l'esprit humain ; pour Théodor Reinach, comme un poison
I. Pour la transcription des mots hébraiques ef. p. 180.
bbin en méditation, (Rembrandt, 1606-1669)...… (más)