Il est dommage que l'œuvre de Jean de La Varende ne soit pas plus connue car les qualités littéraires sont excellentissimes. Sans doute l'auteur de Nez-de-Cuir a-t-il été plongé dans un oubli plus ou moins volontaire car ses thèmes sont à rebours de l'époque contemporaine : attachement à la terre, à la tradition, au Roi, aux rapports sociaux simples, à l'honnêteté, au travail bien fait, à l'honneur,...

Pourtant, il ne mérite absolument pas ce purgatoire. Ceux qui ont lu Man d'Arc, l'homme aux gants de toile, Monsieur Vincent,... savent qu'ils sont emportés dans un tourbillon où l'ivresse des mots prend le relais de celle des sentiments.

L'histoire de Roger de Tainchebraye appartient à celle des grands héros et je m'étonne encore qu'elle n'ait pas été portée sur le grand écran (du moins que la version avec Jean Marais n'ait pas été actualisée (Nez de cuir)). Derrière cet homme défiguré à la guerre se cache une âme tourmentée qui va aller vers l'apaisement. Le lecteur retiendra son souffle lorsqu'il retirera son masque devant Judith et lui dira tous les mots de son âme. Un passage qui devrait être dans les manuels de lettres modernes.

La partie conclusive sur les héritiers potentiels de Nez-de-Cuir m'a longtemps marqué. Le "disparurent dans la nuit..." laisse une porte ouverte sur les hypothèses les plus hardies.

Oui, quand on met un pied chez La Varende, l'âme y passe aussi ! ( )