℗± Les proscrits coudoient toutes les mis©·res, disait le grand Florentin ; mais Hugo avait plus d intelligence que Dante. Avec un art que n ©♭gala jamais Barnum, il fit de l exil la plus retentissante des r©♭clames. L exil ©♭tait l enseigne criarde et aveuglante accroch©♭e © sa boutique de librairie de Hauteville House. Les rois ne l avaient pensionn©♭ que d une somme de 3 000 francs ; sa client©·le bourgeoise lui valait 50 000 francs par an. Il n avait pas perdu au change. Il trouva que l Empire avait du bon : Napol©♭on a fait ma fortune , avouait-il dans un de ces rares moments o©£ il d©♭posait sa couronne d ©♭pines. Publi©♭ © l occasion de la panth©♭onisation de Victor Hugo en 1885, ce texte iconoclaste de Paul Lafargue (1842-1911, auteur du Droit © la paresse) s attaque frontalement au p©·re des Mis©♭rables, consid©♭r©♭ comme un homme de lettres talentueux, mais davantage pr©♭occup©♭ par ses propres profits que par la condition humaine. Un pamphlet implacable. En pr©♭face de cet ouvrage, les ©♭diteurs s interrogent sur un malentendu litt©♭raire et politique : adul©♭ par les r©♭publicains sociaux et les progressistes du XXe et XXIe si©·cles, Victor Hugo ©♭tait per©ʹu comme un adversaire, voire un ennemi, par les r©♭volutionnaires du XIXe si©·cle (© l exception notable de Louise Michel). Comment a-t-on pu parvenir © un pareil basculement ? Il faudra attendre les surr©♭alistes pour r©♭habiliter l auteur des Ch©Øtiments, moins au nom de la justice sociale que pour les th©·mes qui croisent leurs Suvres : l amour fou, le romantisme, la primaut©♭ de la po©♭sie, le go© t pour la peinture, voire l ©♭sot©♭risme cher © Robert Desnos et Andr©♭ Breton. En postface sont pr©♭sent©♭s certains des articles, odes et discours de Victor Hugo sur lesquels s appuie Paul Lafargue pour d©♭mythifier sa grandeur.