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Información de la obraN'oublie pas de vivre : Goethe et la tradition des exercices spirituels por Pierre Hadot
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Google Books — Cargando... GénerosSistema Decimal Melvil (DDC)128Philosophy and Psychology Philosophy Of Humanity The Human ConditionClasificación de la Biblioteca del CongresoValoraciónPromedio:
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> Psychologies magazine : https://www.philomag.com/articles/noublie-pas-de-vivre-de-pierre-hadot
> BAnQ (Leroux G., Le devoir, 28 juin 2008) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2813380
> PIERRE HADOT, La philosophie comme art de vivre. — Longtemps, la philosophie s’est opposée à la spiritualité comme la Raison s’opposait au cœur (dont elle ignorait les raisons), ou comme Athènes s’opposait à Rome et à Jérusalem. Mais le temps de ces clivages mortifères est révolu, depuis qu’un certain Lévinas a tenté de « traduire la Bible en langage grec », et depuis que les philosophes grecs eux-mêmes nous ont été révélés dans toute leur dimension « spirituelle » par Pierre Hadot. Directeur d’études à l’École pratique des hautes études de 1964 à 1986, professeur au Collège de France depuis 1982, Hadot a démontré que dès son origine gréco-latine, « la philosophie se présente comme un mode de vie, comme un art de vivre, comme une manière d’être ». Telle est la grande leçon de ce traducteur de Plotin, de Marc Aurèle et d’Epictète, leçon qu’auront retenue aussi bien André Comte-Sponville et Rémi Brague que Michel Foucault (dans les derniers tomes de son Histoire de la sexualité), dont il était très proche.
C’est en prenant acte de l’apparente incohérence des philosophes antiques qu’il en est venu à formuler l’idée selon laquelle « les œuvres philosophiques de (’Antiquité n’étaient pas composées pour exposer un système, mais pour produire un effet de formation : le philosophe voulait faire travailler les esprits de ses lecteurs ou auditeurs, pour qu’ils se mettent dans une certaine disposition ». Cette visée pédagogique, voire initiatique, est le fil conducteur d’une autre histoire de la philosophie, reliant par-delà les siècles Socrate, les stoïciens et les néoplatoniciens à Schopenhauer, Nietzsche et Wittgenstein en passant par Montaigne, Pascal et les Méditations métaphysiques de Descartes… sans oublier Goethe, dont le rapport aux « exercices spirituels » de la tradition antique fait l’objet d’un nouvel ouvrage de Pierre Hadot, N’oublie pas de vivre.
Car c’est bien d’« exercices spirituels » qu’il s’agit – sans qu’il faille donner à cette expression une quelconque connotation religieuse. Il s’agit, pour Hadot, d’un travail de soi sur soi visant à transformer son rapport au monde ; travail qui n’est pas purement intellectuel, mais engage l’intégralité du psychisme. Chez Goethe, héritier en cela d’une tradition qui passe par Montaigne et la littérature populaire du XVIIIe siècle, ces pratiques visent à vivre pleinement l’instant présent, à prendre conscience de la présence vivante des choses : Memento vivere, « N’oublie pas de vivre », impératif philosophique - et même spinoziste - qui s’oppose au Memento mori des moralistes chrétiens, aussi bien qu’à la nostalgie romantique pour le passé ou le futur, qui est en fait un refus de la réalité. pour le poète allemand, la voie qui mène à cette transformation intérieure tient dans la rencontre amoureuse entre la modernité, incarnée par le second Faust, et la beauté antique, incarnée par Hélène de Troie. Il faut se mettre à l’école conjointe des stoïciens et des épicuriens qui nous enseignent que « le présent est notre seul bonheur ». Se dessinent ainsi les contours d’un existentialisme moderne-antique fondé, non sur l’angoisse heideggérienne ou sartrienne, mais sur l’expérience de la plénitude de l’être. Ce n’est pas que les Anciens eussent ignoré « la volupté que l’on éprouve à se faire souffrir », « le tourbillonnement de l’âme qui ne se fixe à rien » et « le dégoût de la vie et de l’univers », selon les mots puissants de Sénèque.
Seulement, ils ont fait le choix résolu de leur tourner le dos, de les placer hors du champ de la vie authentique : le but à atteindre est une « sérénité acquise et non primitive », qui résulte d’un « immense effort de volonté », d’une « volonté esthétique de jeter sur les horreurs de l’existence le voile éblouissant de la création artistique », « une volonté philosophique de trouver la paix de l’âme par la transformation de soi et du regard porté sur le monde ».
Ce changement de regard, cette « conversion » au sens platonicien, Hadot l’explore encore, chez Goethe, à travers le motif du voyage cosmique et du « regard d’en haut », sub specie aeternis : encore un thème spinozien, mais dont notre grand auteur démontre la pertinence continue du Moyen Âge à Voltaire.
La lecture transformante de ce livre, comme de toute l’œuvre de pierre Hadot, prouve la richesse et la vitalité de l’authentique tradition philosophique de l’Occident. À tous ceux à qui l’école a rendu la philosophie et la littérature ennuyeuses, il convient de faire lire ces livres. Qu’ils soient enfin initiés à ce grand et beau secret : philosopher, c’est apprendre à vivre.
*N'oublie pas de vivre. Goethe et la tradition des exercices spirituels, Pierre Hadot, Ed. Albin Michel, 288 pages, 19 €.
► Du même auteur : Exercices spirituels et philosophie antique, 416 pages, 15 € ; La philosophie comme manière de vivre, Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, 288 pages, 18,30 €.
—L’Homme en Question, (21), Printemps 2008, (p. 2)