A. Badiou
Je suis partisan d'une société qui fonctionnerait au régime de l'association, peut-être dans mille ou deux mille ans, parce qu'elle serait une société éduquée, au sens de Platon. Une société où tout le monde est philosophe ! En tout cas une société à l'intérieur de laquelle l’État, comme puissance séparée, aurait vu ses fonctions distribuées sur la surface entière de la société. Est-ce pour autant que je vais dire que j'ai honte de mon père qui était typiquement un homme qui avait l'idéologie du service de l’État ? Il a été maire de Toulouse, député, etc. Eh bien, je conclurais comme vous que non, parce que tant qu'il y a de l’État, il vaut mieux qu'il ait de bons serviteurs que des forbans. Et tant qu'il y a du capitalisme, il vaut mieux un petit entrepreneur honnête qu'un mafieux milliardaire.
A. Finkielkraut
C'est ce "tant que..." qui nous différencie.
A. Badiou
Peut-être, mais je ne vois pas la nécessité de valider le système dans son ensemble.
A. Finkielkraut
Sans doute, mais cela entraîne tout de même pour moi la nécessité de valider le sens de l’État et l'esprit d'entreprise. L'un et l'autre.
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