Une série de textes vifs, drôles (parfois très drôles !) et vachards. L'écriture est nette et tranchante.

C'est pétillant, inventif, intelligent, corrosif... et irrésistible.

Amandine Dhée ne perd par une miette des absurdités et comportements de ses congénères humains. Ce sont des citadins qu'elle croque dans "Du bulgom et des hommes". Comme tant de personnes qui ont recours à l'arme cynique, elle s'en sert pour s'éviter de pleurer, comme l'illustrent les derniers récits sur le petit primeur qui n'a aucune chance de survivre à proximité du 8 à huit et sur Lucienne, probablement une ancienne prostituée.

Mais comment être sûr de ce qu'est ou a été cette femme qu'elle imagine faire fusionner avec Betty Boop, juste pour voir ? Comme si on avait le temps d'écouter les histoires des autres ! L'auteure le dit bien : "Deux oreilles pour une bouche, ça devrait marcher. Mais on dirait qu'il y a tellement de bouches et si peu d'oreilles, je ne comprends pas."

Un court extrait du livre en dira bien plus sur son style et son propos :

"Parfois des gens viennent au supermarché, beaucoup de gens d'un seul coup, qui remplissent remplissent remplissent leurs caddies – ma parole mais ça devient une habitude – ils disent on ne paiera pas et ils ne paient pas. Et ils s’en vont parce qu'il faut tout prendre ou ne rien prendre.
Le type de l'entrée celui qui enferme tes sachets avec une presse plastique ou attache la fermeture de ton sac pour que tu ne puisses pas l'ouvrir – un jour viendra nous ferons nos courses tout nus, avec juste une carte bleue à la main – en reste bouche bée. Comment se sent-il d'ailleurs cet homme à la fin de la journée ? Il ne doit plus supporter la moindre béance, la bouche de ses enfants le vagin de sa femme, le cratère dans la purée, ça doit le rendre fou. Qu'est-ce qu'on fait, monsieur le directeur, je ne peux pas tous les mettre sous presse, ça ne tiendra pas.
Monsieur le directeur du magasin ne répond pas, il ne dit rien, ou plutôt il dit beaucoup avec ses yeux. Que s'est-il passé pour en arriver là, quel spectacle affligeant que ces consommateurs dégénérés, nous avons créé des monstres.
Mais comment ça pourrait être autrement ? Nous qui avons passé notre enfance les mains plongées dans des barils de lessive pour trouver la surprise, petit-déjeuné aux côtés d'une abeille hilare ou d'une grenouille à casquette, sommes tombées amoureux de personnages de dessins animés japonais… Une partie de nous est toujours coincée dans le paquet de lessive… et attend la surprise." ( )