> Par 3e millénaire (In: Revue 3e millénaire, n°121, Automne 2016 - Mourir ?)

SOMMAIRE

4 — 3e millénaire : Fil d'ariane : Mourir ?
De la mort.
Personne n'en est revenu ! » dit-on couramment. Oui, mais peu sont déjà présents à leur propre vie, alors… à leur mort ou à la mort d'un proche… ! Et, de toute façon, qu'en savons-nous vraiment ?…
Toutefois, nous pouvons déjà constater que l'idée de la mort a la fonction magique de nous ramener au présent, c'est-à-dire à la présence de nous-même ; présence qui parle d'elle-même dans le silence d'être. C'est alors que l'idée de “mort”, en tant qu'arrêt de la vie mécanique, se métamorphose, en un instant, en Vie sans commencement… et au-delà… Comme la chenille rampante en lumineux papillon volant – aussi éphémère soit-il ! (...)

6 — Ligia Dantès : La mort et l’ego
Nous commençons à mourir dès notre naissance !
Le changement est permanent pendant tout le processus de formation de l'organisme humain, et cela s'étend du niveau microscopique des atomes, des protons et des particules élémentaires jusqu'à la vie cellulaire. Les cellules vivent et meurent en même temps qu'elles se multiplient et se spécialisent pour former les différents organes du corps.
L'expérience humaine sur cette planète est celle d'un processus de vie et de mort.
J’ai donné à ce processus le nom de Cosmopsychophysique.
Le choix d’un nom si long vient de ce qu’il contient tout ce qui touche au procès-origine comme « poussière d’étoile » (pour citer Carl Sagan) jusqu’à cette entité corps-esprit dont nous, humains, faisons l’expérience. (…)

14 — Dominique Schmidt : La mort psychologique et l’Aventure de l’Âme
Sri Aurobindo et Mère apportent à la philosophie éternelle une nouvelle note : en atteignant la conscience Supramentale, la conscience du Suprême révélée en sa forme divine originelle ; ils remettent en cause la mort elle-même, ce masque impénétrable qui tient la vie en son étreinte. (...)

20 — Jacques Vigne (Vigyânânanda) : Faire de la mort une amie
Dans les traditions dharmiques (hindouisme, jaïnisme, bouddhisme), en particulier dans le bouddhisme tibétain, on met régulièrement en parallèle trois états intermédiaires : celui de la méditation, de l'endormissement et du processus de mort. En travaillant dans le sens de l'absorption méditative, on favorise une manière spirituelle de s’endormir et de mourir. Tout ce qui naît doit mourir, c’est la loi universelle : sachant cela, pourquoi ne pas se faire de l'impermanence elle-même une amie ? (…)

28 — Philippe G. Muller : Au-delà
Depuis l'Antiquité égyptienne et hellénique, du Livre des Morts Égyptien à la descente aux Enfers d’Orphée, ou au voyage céleste d’Er [1], l’humanité est avertie de l’existence d'un Au-delà vers lequel chaque individu est sensé aboutir au terme de sa vie. Avant même l’écriture de ces récits, il est légitime de penser que de nombreuses traditions orales ancestrales rapportaient déjà ce type d'événements aujourd’hui insolites.
Il y a quelques années, le professeur Claude Carozzi a publié une étude très détaillée sur « le voyage de l'âme dans l'Au-delà » à travers la littérature latine du Ve au XIIIe siècle [2]. Il nous apprend que, dès le XIIe siècle, s’installe une période de doute, les voyageurs de l'au-delà s'expriment sous formes allégoriques ou poétiques, tandis que la rédaction des récits passe du latin aux langues vulgaires. « Certains auteurs transforment le voyage en rêve. (…)

32 — Jetsunma Tenzin Palmo : Sur la douleur et la préparation à la mort
Tenzin Palmo fait remarquer que nous sommes toujours conscients au sens ordinaire du terme, sinon nous ne pourrions pas fonctionner. Mais nous ne sommes pas conscients que nous sommes conscients. De plus, la vigilance doit être introduite aussi dans les relations avec les autres. « La seule réalité que nous avons, est ce que nous faisons au moment même. Et si nous la manquons, nous l’avons perdue, car elle est partie. Voyez-vous ? Chaque personne que nous rencontrons est la personne la plus importante au monde pour nous à ce moment-là, parce que c’est la personne en face de nous… (…)

36 — Nicole Montineri : Entrer vivant dans la mort
La mort n’est pas la fin complète de l’être. Celui-ci est une part du grand Tout, de cet Univers infini, dynamique dans ses transformations et cependant immuable en son essence. Lorsque nous quittons cette dimension terrestre, nous entrons dans une énergie infinie, hors du temps. La transformation est de nature vibratoire : nous sommes devenus inactifs sur le plan phénoménal, tous les éléments qui d’ordinaire alimentent notre conscience (la pensée, l’émotion, le sentiment, le désir d’action) sont absents, nous projetant dans un état d’ouverture sur un espace immense. (...)

42 — Le Moine Gojo : Un dialogue sur la mort

46 — Paul Degryse : Défier la mort…! Les chamanes sont-ils fous ?
Les chamanes toltèques disent que l’homme est endormi parce qu’il a peur… de quoi ? de tout… ! il a peur de la nuit, peur des autres, peur d’être ridicule, peur de l’insécurité, peur d’être repoussé quand il aime, peur d’être volé, peur de la solitude, peur de la forêt, peur des animaux, peur de l’inconnu, peur de la maladie, peur du changement (ah ! celle-là …!) etc… etc… etc… mais la source de toutes ses peurs c’est la peur de la mort, et cette peur de la mort se traduit en fait par une peur … de la vie ! (…)

50 — Dominique Casterman : Physique et métaphysique de la mort
Pensées liminaires
L’existence est constituée d’épisodes alternativement favorables ou défavorables aux intérêts particuliers de chacun, et cette discontinuité n’épargne personne car toute chose est apparence éphémère. Tout ce que nous voyons, tout ce que nous sentons et ressentons, tout ce que nous possédons en biens matériels et immatériels, sont d’une seconde à l’autre, périssables. Cette simple constatation nous “oblige ” à adopter vis-à-vis des choses de ce monde une attitude partagée entre l’enthousiasme et le rejet systématique. Ce constat conduit le philosophe en quête de vérité à éviter de s’illusionner devant un monde qui tient provisoirement debout tant il est relatif et incomplet. Peut-on satisfaire notre soif de Connaissance en considérant que “ce qui est” soit limité à ce qui demain peut mourir ? N’y a-t-il pas “quelque chose” qui ni ne meurt, ni ne naît ? (…)

56 — Kaveen : Célébration de l’indicible
Disciple du maître spirituel contemporain Osho, Kaveen a suivi la voie de la méditation pendant plus de 35 ans sous son inspiration. Il présente ici une correspondance qu’il a entretenue avec lui-même, comme un journal de sa promenade. Cette dernière est une célébration, la plus belle de toutes : la joie indicible qu’il y a à vivre sa vie au présent, à découvrir que l’âme n’est pas une chose, mais l’expérience de cette joie.
*Voir dans cet article un extrait de : L’Art de la Présence, un recueil d’exercices pratiques pour développer la conscience de soi.

60 — Didier Weiss : La mort est-elle réelle ?
Tel un oiseau de proie, l’ombre sinistre de la mort plane inlassablement du premier au dernier souffle au-dessus de notre condition humaine. Que d’angoisses et souffrances générées par cette expression sans équivoque ! Que de manoeuvres pour conjurer le funeste sort ! Que de négociations pour nier la divine erreur, l’oublier, la braver ou la fuir ! Que de moyens mis en oeuvre pour retarder l'irrévocable toute une vie durant, ce qu’on appelle une « vie d’homme » !
Le thème de la mort passionne l’humain que nous sommes, voire il nous dévore à petit feu sans que la plupart du temps nous nous en rendions vraiment compte. (…)

66 — Karl Renz : Fais seulement confiance au gourou que tu es
Karl Renz - Je suis ici pour tout détruire, même la destruction. Je ne suis pas ici pour plaire à quiconque. Cette insouciance, cette impuissance, c’est ce que je présente et c’est tout ce que j’ai à offrir. Bien qu'étant ce que je suis, je ne peux pas choisir où je m’assois, car qui voudrait s’asseoir ici ? En tout cas pas Karl ! Voilà ce que je présente, sans autres explications. Je ne veux pas ajouter des concepts à tous les concepts que tu as déjà. De toute manière, tout le monde est truffé de concepts et je ne suis pas ici pour les nourrir. Je ne suis pas dans un zoo pour nourrir les fauves. (…)

RUBRIQUES :

78 - Hommage à Georges Brunon
Il n’est pas sûr que Georges Brunon aurait accepté cette formule de « peintre philosophe » ; et pourtant il pensait réellement la peinture, son art était mené par un questionnement hors norme devant le monde. Méditativement, il abordait le monde vrai, celui de la nature et de ses forces vivantes [1], dans l’étonnement d’un homme conscient d’être-là. L'éternité était pour lui la mystérieuse présence au monde de l’artiste créateur - ce dont témoigne l’ensemble de son oeuvre [2]. De fait, il voyait dans l’histoire de l’art un passe-temps pour intellectuels, car l’art demeurait, à ses yeux, dépouillé de toute histoire [3], de toute référence, de tout système ou, profondément, de tout style significatif. De Lascaux aux chinois et des chinois à Picasso, il voyait le même acte de Voir, sans idée préconçue, un acte pur, l’être en acte qui s’exprime, qui manifeste la création. (…)

80 - Portfolio :
Peintures de Georges Brunon

72 - Psychologie transpersonnelle dans l’Art par Welleda Muller :
Représentation de la mort et place de l’être humain dans le monde
Depuis l'Antiquité, la vision du corps incluait intimement celle de l'environnement avec ses éléments "vivants" (eau, air, feu, éther) [1], ainsi que celle du cosmos. La terre et le cosmos (le système solaire) étaient perçus comme un ensemble vivant dans la conscience des dieux, ou des "anges" acteurs des sphères célestes [2]. L’iconographie de l'Homme-Cosmos [Fig. 1 ] évoque cette vision bien antérieure à l'observation anatomique des corps disséqués au cours des XVe et XVIe siècle. Cette vision imaginale s'est perdue au profit d'un développement intellectuel (pensée cérébrale) devenu mécanicien du monde au XVIIe siècle (Galilée, Descartes, Newton,…) puis mécanicien du corps humain avec les matérialistes du XVIIIe siècle concepteurs de « l'homme machine » [3]. La conception contemporaine de l'homme découle plus d'un oubli de l'essentiel que d'une découverte majeure, même s'il est incontestable que l'oubli de nos origines célestes a accompagné l'invention des ressorts hypercomplexes de la "machine biologique" qu'est aussi le corps humain.
Welleda Muller montre comment l'histoire de l'art retrace ces étapes clés du changement de mentalité qui voit aujourd'hui, dans la mort, un anéantissement de toute conscience. L'histoire de l'art et l'épistémologie se complètent pour nous apprendre ce que nos consciences sont devenues afin d'entrevoir puis de réaliser de nouvelles potentialités d'Être.

BD :
45 - Anna Guégan : Encore et en corps…
71 - N. Céliolisa : Ce qu’il advient de nous

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