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Cargando... La claire fontainepor David Bosc
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J’ai pourtant adoré ce livre. David Bosc raconte les dernières années de la vie de Gustave Courbet durant son exil en Suisse après la Commune. L’artiste devait, selon le nouveau président français Mac-Mahon, financer la reconstruction de la colonne Vendôme (devis estimé à 323000 francs). Après négociations (qui dureront des années), Gustave Courbet obtient de payer 10000 francs pendant 33 ans. Il mourra avant d’avoir versé le moindre sou.
David Bosc dresse le portrait d’un homme et d’un artiste, avec creux et bosses. L’homme est montré comme entier, bon vivant, accueillant, généreux, ayant des idées de liberté et d’épanouissement qui ne conviennent pas à une vision politique de cette même liberté. L’auteur décrit Courbet comme un homme simple, plutôt rustaud, ne théorisant pas son art, n’ayant pas d’idées préconçues. J’avoue que ses difficultés avec l’orthographe m’ont fait sourire.
Parallèlement David Bosc décrit un artiste inspiré et génial, qui fait la différence entre la peinture de commande et l’art, qui a des facilités surprenantes. David Bosc montre l’œil du peintre, sa manière de voir la nature et de la ressentir mieux que n’importe quel humain. Cela a été l’argument décisif de mon libraire (et il avait raison). Je venais de finir Pietra Viva de Léonor de Récondo, livre pour lequel j’étais resté sur ma faim quant à la description des impressions de l’artiste. Dans ce livre, ce n’est pas du tout le cas et j’ai donc été servi.
David Bosc emploie différents niveaux de langage pour nous parler du personnage : une langue pleine d’images poétiques pour décrire le peintre et une langue plus parlée pour nous décrire l’homme. Les deux ont en commun d’être rapide, véhiculant plusieurs idées, images, actions par phrase. Par exemple, les personnages sont décrits en quelques lignes comme dans le premier paragraphe (en le lisant j’ai tout de suite su que j’aimerais le livre) :
De corps fatigué, avec sur ses cheveux comme une pelleté de centre, cinquante-quatre ans, les épaules chargées d’un sac, Courbet enquilla la rue de la Froidière, la barbe ouverte d’un sourire de bel entrain. Là où les pavés cessent, il se retourna, faisant se tordre l’écharpe bleue de sa pipe. Le jeune Ordinaire, son élève, s’était noué sur le visage une expression bien grave, jetant de droite et de gauche des regards de sentinelle et montrant, c’était drôle, qu’il était paré pour la bagarre, l’héroïsme même.
De Gustave Courbet, je ne connaissais que deux tableaux, L’Origine du Monde et son Autoportrait où il se prend la tête, et pourtant ce livre m’a passionné et m’a donné envie d’en savoir plus. ( )