Première scène du film dans un bureau : on annonce à une femme (Irma) que son mari, visiblement absent ou disparu depuis longtemps, est mort. L'annonce de cette mort fait écho à une autre mort (on retrouve le renvoi de la mort physique à la mort sentimentale dans La Notte) : celle de l'amour d'Irma pour son compagnon (Aldo) avec lequel elle partage sa vie depuis sept ans et avec lequel elle a une fille (Rosina). Amoureuse d'un autre homme (que l'on n'apercevra pas dans le film), elle décide d'annoncer à Aldo qu'elle le quitte. La nouvelle le terrasse ; oscillant entre douceur et violence, il l'aide finalement à partir quand il la frappe brutalement dehors devant tout le monde, en la sommant de rentrer à la maison.
Commence pour lui une longue errance avec Rosina. Il va de place en place, à la recherche de travail... mais rien n'est simple, a fortiori lorsque l'on part sur la route avec un enfant. Il rend d'abord visite à Elvia, une femme qu'il a aimée et à laquelle il a préféré Irma. De toute évidence, elle l'attendait pendant toutes ces années d'absence et se montre pleine d'attentions avec la petite fille. Mais Aldo, se sentant perdu et écrasé par le chagrin de la perte d'Irma, ne tient pas en place. Il se remettra plusieurs fois en route et fera la connaissance d'autres femmes qui tenteront elles aussi vainement de le retenir.
On retrouve des thèmes et décors chers à Antonioni : le désamour, la difficulté à communiquer, des paysages où dominent des lignes d'architecture (ici essentiellement sous les traits de bâtiments industriels), l'obscurité. Aucune chaleur italienne dans ce film empreint de froid, de neige et de brouillard.
Avec une lenteur implacable, Antonioni donne à voir à travers le personnage d'Aldo, la chute d'un homme que la perte de l'amour, irremplaçable, conduira à la mort. ( )