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Google Books — Cargando... GénerosSistema Decimal Melvil (DDC)848.9109Literature French Miscellaneous French writings 1900- 1900-1999Clasificación de la Biblioteca del CongresoValoraciónPromedio:
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Les pages sur Venise, mélancoliques et lancinantes, sont particulièrement sublimes. Il y exprime son rapport à la beauté, au temps, à la mort, au goût de son existence.
Les textes, notamment ceux de la première partie issus de ses déambulations à travers Venise, Rome et Naples sont pour la plupart de toute beauté, nous offrant mille yeux et une kyrielle de réflexions pour parcourir l'Italie. A découvrir ! Les textes de la seconde partie, plus centrés sur les oeuvres, sont moins aboutis.
Extraits :
"L'Antiquité vit à Rome, d'une vie haineuse et magique, parce qu'on l'a empêchée de mourir tout à fait pour la tenir en esclavage ; elle y a gagné cette éternité sournoise et de nous asservir à son tour : si nous sommes tentés de nous sacrifier à ces pierres, c'est qu'elles sont ensorcelées ; l'ordre des ruines nous fascine parce qu'il est humain et inhumain : humain parce qu'il fut établi par des hommes, inhumain parce qu'il se dresse seul, conservé par l'alcool de la haine chrétienne et qu'il se suffit à lui-même, sinistre et gratuit, comme le parterre de capucines que je viens de quitter."
"Venise est une des seules villes qui me donnent l'impression d'y avoir vécu. En 1934, j'y étais fou et malheureux, je m'y suis promené toute une nuit, poursuivi par un homard considérable qui tricotait des pattes derrière moi. Je n'ai jamais de ma vie vraiment pensé au suicide mais cette nuit-là je craignais d'y penser. Je me suis arrêté au bord d'un petit canal. En face de moi, des palais plongeaient dans l'eau toutes fenêtres ouvertes sur du noir. J'entendais un râle étrange qui tenait du rugissement : c'était un type qui ronflait dans une chambre princière de l'autre côté de l'eau. Depuis cette nuit, je me sens chez moi à Venise. C'est le seul moyen de posséder un peu une ville : y avoir traîné ses ennuis personnels."
"Venise, vieille et pompeuse, a gardé malgré son luxe, malgré sa préciosité, cette fragilité coloniale des villes américaines bâties contre la Nature et contre les hommes et que la Nature pénètre en ruisseaux et fait éclater de partout. Des villes posées sur l'inhumain. On ne voit guère ça aujourd'hui qu'en Afrique ou en Amérique. La terre est cachée partout ailleurs par des emplâtres de bitume. Les villes sont d'un seul tenant."
"Je sais très bien, trop bien, ce que je vais trouver à Naples. C’est une ville en putréfaction. Je l’aime et je l’ai en horreur. Et j’ai honte d’aller la voir. On va à Naples comme les adolescents vont à la morgue, comme on va à une dissection. Avec l’horreur d’être un témoin." ( )