Ce dernier tome est un feu d’artifice. Un climax narratif et guerrier où les personnages vont affronter leur destin et démêler, à leurs corps défendant, les intrigues millénaires des Puissances qui tirent les ficelles du monde. Ce qui avait débuté comme un récit initiatique voit la maturation des personnages principaux arriver à son terme avec scènes quasiment shakespearienne où chacun se trouve grandi. En contrepoint les Puissances apparaissent folles et décadentes et finissent par sombrer pour laisser la place aux hommes (enfin, les nains). Ce troisième tome est intense, paroxystique, et riche de combats et oppositions titanesques où tout se révèle plus grandiose que dans les deux premiers tomes qui paraissent presque anodins en comparaison. Inoubliable.

Ségur s’est lui aussi surpassé dans ce dernier tome. Le travail de forme et de structure sur les vignettes va encore plus loin avec des double pages et des pages pleines nombreuses où il laisse sa créativité explorer. Tout déborde et nous emmène dans un tourbillon de mouvements et de couleurs subjuguant. Les traits sont affutés et donnent encore plus de vigueur et de crédit aux personnages principaux (le visage altier de Noren, parfait), les couleurs se font plus chaudes et plus osées, sans jamais totalement se départir de la grisaille du premier tome qui avait quelque chose de lugubre et malsain qui correspondait parfaitement à une certaine idée de l’heroic-fantasy que les auteurs ont admirablement développé. ( )