C’est vraiment réjouissant, une histoire enlevée qui connaît assez de rebondissements pour en faire une sorte de turn-pager. Si l’histoire semble classique (un groupe de nains quêteurs qui rencontrer un étranger qui leur servira de guide), les situations sont rocambolesques et pleines d’humour, les personnages plus épais qu’il n’y paraît et surtout l’univers est enchanteur. On s’éloigne de Tolkien et on rencontre des races ou monstres très évocateurs et qui ne dégoulinent pas d’exotisme bizarroïde pour autant. Tout ce qui est présenté (Ewandor, les Chevaliers-Tonnerre…) a suffisamment de familiarité pour donner à cette BD l’apparence du classicisme: c’est brut et sauvage et malgré le côté aventurier et Donjons & Dragons, cela transcende le genre.

J’ai vraiment adoré ces dessins, pleins de mouvement et d’énergie, des villes somptueuses et une maîtrise totale de la perspective. Des plans magnifiques émaillent cette BD, notamment dans la verticalité. Ségur joue avec les limites et définitions de la vignette et ses multiples trouvailles sont un régal: cases très aplaties, personnages qui en sortent, paysages qui en effacent les limites, etc.: c’est exemplaire à tous les niveaux.
Dans ce tome 2 le jeu des couleurs devient encore plus fin avec des double-pages thématiques extrêmement suggestives, dominées par l’une ou l’autre couleur. L’univers se fait plus poétique (normal, pour un “pays des songes”) et l’inventivité des angles et des détails est toujours au rendez-vous. ( )