Une drôle d'amitié est la suite de La dernière Chance et un texte encore plus fragmentaire que le précédent. Il est essentiellement composé de dialogues.
On y retrouve Brunet comme chef de la baraque des communistes au Stalag.
Il se lie d'amitié avec un certain Schneider jusqu'à ce qu'un certain Chalais lui apprenne qu'il ne s'agit pas de sa véritable identité. Schneider est un traître qui s'appelle Vicarios. Ce dernier a en réalité décidé de quitter le parti communiste suite à la signature du pacte germano-soviétique. Brunet, profondément blessé, prend la nouvelle très durement.
Menacé de coups par les autres hommes, Vicarios est mis à l'isolement et commence à dépérir à vue d'oeil. Il finit par demander de l'aide à Brunet pour un projet d'évasion. Brunet, ayant perdu ses illusions sur le caractère intangible du parti communiste, accepte de s'enfuir avec lui. Vicarios succombera sous la mitraille des Allemands pendant cette entreprise. Brunet se rend d'autant mieux compte de l'amitié qu'il lui portait, malgré la dissimulation de son identité, sa traîtrise. C'est un passage particulièrement fort dans la mesure où Sartre semble réhabiliter l'amitié qu'il avait pour Nizan (mort en mai 1940).
Le texte réunit à nouveau Brunet et Mathieu, que des différents politico-philosophiques opposent toujours.
Au vu de la richesse et de l'intérêt de ces fragments, on regrette naturellement, tout comme à la lecture de La dernière chance, que Sartre n'ait pas mené son projet d'écriture jusqu'à terme. ( )