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Entre 1944 et 1948, presque 1 000 000 de prisonniers de guerre allemands sont d tenus en France, d'abord dans des enceintes sauvages et des sites provisoires, puis dans des camps r guliers, enfin chez des particuliers. Figures honnies de l'Occupation, ces soldats de Hitler deviennent, vaincus, un enjeu majeur de la sortie de guerre de l'Europe en pleine reconstruction. Les Allemands r clament leur lib ration, les Am ricains comptent sur eux lorsque la Grande Alliance c de la place la guerre froide et le gouvernement fran ais entend se servir de cette main-d'oeuvre peu ch re et docile pour effacer les traces de la d faite. De sa plong e au coeur des archives fran aises, allemandes, suisses, am ricaines, britanniques, vaticanes, Fabien Th ofilakis nous offre une connaissance renouvel e de la transition fran aise de la guerre la paix. A partir de documents in dits et de nombreux t moignages d'anciens prisonniers qu'il a recueillis, il rend compte de cette captivit oubli e. Il campe ainsi le face- -face invers entre vainqueurs et vaincus d'hier dans une France qui a du mal surmonter les traumatismes de l'Occupation et de la collaboration. Il d voile une cohabitation intime comme les petits entrelacs d'une vie quotidienne tendue entre Fran ais et Allemands. Il interroge le lien ambigu de la soci t allemande sous le nazisme puis sous occupation fran aise avec ses prisonniers jusqu' leur rapatriement. Il resitue l'enjeu des prisonniers de guerre dans la red finition des relations entre Alli s. Ce travail magistral comble une lacune et propose une autre vision de l'imm diat apr s-guerre, celle du retour de la paix en Europe occidentale.… (más)
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Introduction
"Nous avons pris un prisonnier au magasin en 1946. Il était aux anges : venant d’une famille de paysans qui l’avait affamé, il mangeait à sa faim, à la même table que nous. Jusqu’au jour où un Français de l’intérieur a mouchardé. Nous avons dû l’envoyer déjeuner au bain thermal, chez ma tante. En 1947, il a été invité à un mariage dans le village d’à côté, mais, par crainte, il a refusé de s’y rendre. En 1948, il est reparti. Ça nous a fait pleurer. Nous sommes allés le voir à Göppingen et il est venu m’aider au magasin dans les années 1950."
D’après Willy W., rencontré à Merkwiller (Alsace) en 2005
Dedicatoria
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Primeras palabras
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Introduction
Guerre totale, défaite totale, captivité totale
Les historiens ont longtemps déserté le thème de la captivité, à l’image de ces soldats qui avaient disparu des champs de bataille, symbole de l’histoire-événement. Dans une mobilisation croissante, fondée sur le consentement patriotique en 1914, prise dans la totalisation à partir de 1939-1940, le prisonnier de guerre n’avait sa place ni dans les discours héroïques des nations en guerre, ni dans les récits glorieux des lendemains de victoire, moins encore dans les grands règlements de compte qui suivent les défaites. S’il participe aux défilés de la victoire en 1945, son appartenance au groupe des combattants est plus laborieuse, puisqu’il n’obtient la carte de combattant qu’en 1949. En Allemagne, ni la République de Bonn ni celle de Berlin après 1990 ne lui concèdent une visibilité dans l’espace public à la mesure de leur nombre. [...]
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Chapitre premier De la capture : tomber aux mains de l’ennemi
"6 mai 1945 : J’avais peur qu’un Américain par prudence ne jette une grenade dans le trou qui nous servait d’abri, parce que les méchants Allemands sont cachés partout. Soudain, là-haut, une voix avec un fort accent américain : « Raus, raus ! Hands up ! » (…) Alors on a grimpé hors de nos trous. (…) Surprise de tous les prisonniers allemands sur l’allure des Américains : habillés légèrement, pas de gros bagage, arme légère." [...]
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Entre 1944 et 1948, presque 1 000 000 de prisonniers de guerre allemands sont d tenus en France, d'abord dans des enceintes sauvages et des sites provisoires, puis dans des camps r guliers, enfin chez des particuliers. Figures honnies de l'Occupation, ces soldats de Hitler deviennent, vaincus, un enjeu majeur de la sortie de guerre de l'Europe en pleine reconstruction. Les Allemands r clament leur lib ration, les Am ricains comptent sur eux lorsque la Grande Alliance c de la place la guerre froide et le gouvernement fran ais entend se servir de cette main-d'oeuvre peu ch re et docile pour effacer les traces de la d faite. De sa plong e au coeur des archives fran aises, allemandes, suisses, am ricaines, britanniques, vaticanes, Fabien Th ofilakis nous offre une connaissance renouvel e de la transition fran aise de la guerre la paix. A partir de documents in dits et de nombreux t moignages d'anciens prisonniers qu'il a recueillis, il rend compte de cette captivit oubli e. Il campe ainsi le face- -face invers entre vainqueurs et vaincus d'hier dans une France qui a du mal surmonter les traumatismes de l'Occupation et de la collaboration. Il d voile une cohabitation intime comme les petits entrelacs d'une vie quotidienne tendue entre Fran ais et Allemands. Il interroge le lien ambigu de la soci t allemande sous le nazisme puis sous occupation fran aise avec ses prisonniers jusqu' leur rapatriement. Il resitue l'enjeu des prisonniers de guerre dans la red finition des relations entre Alli s. Ce travail magistral comble une lacune et propose une autre vision de l'imm diat apr s-guerre, celle du retour de la paix en Europe occidentale.