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Cargando... Familien Thibault del 2por Roger Martin du Gard
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Réflexions d’Antoine sur lui-même.
(p. 79, Chapitre 7).
« Comment ai-je perdu la foi ? Je n’en sais plus rien. Lorsque je m’en suis avisé – il n’y a pas plus de quatre ou cinq ans – j’avais déjà par ailleurs atteint un degré de culture scientifique qui laissait peu de place à des croyances religieuses. Je suis un positif », fit-il, avec un sentiment de fierté (…). « Je ne dis pas que la science explique tout, mais elle constate ; et, moi, ça me suffit. Les comment m’intéressent assez pour que je renonce sans regret à la vaine recherche des pourquoi. D’ailleurs », ajouta-t-il rapidement et en baissant la voix, « entre ces deux ordres d’explications, il n’y a peut-être qu’une différence de degré ? » Il sourit comme pour s’excuser : « Quant à la morale », reprit-il, « eh bien, elle ne me préoccupe guère. Je vous scandalise ? Voyez-vous, j’aime mon travail, j’aime la vie, je suis énergique, actif, et je crois avoir éprouvé que cette activité est par elle-même une règle de conduite. En tout cas, jusqu’à présent, je ne me suis jamais trouvé hésitant sur ce que j’avais à accomplir. »
Réflexions d’Antoine sur lui-même.
(p. 122-123, Chapitre 11).
Tout est dans le titre. Thibault a décidé d’appliquer à son fils les méthodes expéditives qu’il préconise depuis toujours dans le cadre de ses actions de bienfaisance pour remettre les enfants dans le droit chemin. Il fait enfermer son cadet Jacques, forte tête qu’il ne peut mâter, dans le pavillon pour enfants riches du pénitencier de Crouy qu’il a lui-même fondé et qu’il administre.
Il faudra que neuf mois passent pour qu’Antoine, son autre fils, s’avise que la punition a peut-être assez duré et qu’il serait temps qu’il intervienne.
Le Pénitencier, ce sont les dernières semaines de réclusion de Jacques, le premier acte d’émancipation d’Antoine face à son père et l’organisation de la vie indépendante des deux garçons. C’est aussi une charge contre le père, engoncé dans ses valeurs, sûr de son bon droit en patriarche absolutiste, mais aussi pharisien démasqué par son directeur spirituel, le très diplomate et très fin abbé Vécard. Se met donc en place dans ce deuxième tome un des thèmes chers à Martin du Gard, celui de la place de la foi dans une société qui évolue, et dans laquelle s’annonce la séparation de l’Eglise et de l’Etat, thème déjà présent dans Jean Barois, un de ses premiers grands romans, publié en 1913.
Ce second tome commence donc à être plus profond, plus intéressant mais, toujours très court (il ne fait que 140 pages dans mon édition électronique), il ne fait qu’attiser la curiosité du lecteur, la mienne en tout cas. Et, acquise à la cause qu’il défend, je n’ai pas trouvé beaucoup de matière à réflexion dans ce tome. Mais j’ai pu, dans cette partie un peu plus longue, me laisser emporter par le style extrêmement classique de Roger Martin du Gard, avec sa grande fluidité et sa simplicité apparente, qui donne à ce style un aspect très daté mais qui le rend très agréable à lire.